mardi 17 mai 2016

L'accouchement de Melle L.

On débute la semaine avec un récit d'accouchement très émouvant.
Accouchement après terme j+1.
Accouchement avec péridurale.
Premier bébé.

Un an. Je ferme les yeux tout reprends sa place.

Nous sommes le 10 Mai et anxieuse je me rends à ma visite de contrôle de jour du terme. Le terme cela sonne comme un fin non? Pourtant tu n'es toujours pas là. Je t'attends depuis 9 mois. 41 SA. Pas le moindre signe de toi. Je suis une anxieuse et c'est très dur pour moi. Je me dis que peut-être 'inconsciemment si tu n'es pas là c'est à cause de moi? Parce que j'ai peur, parce que je suis à bout de tout et si loin de toi. Je n'ai pas ressenti l'euphorie de la grossesse. Je me trouvais trop tout et pas assez proche de toi. J'avais envie de te sentir de dehors, de te voir, de te toucher...Ce corps m'a comme exclu de lui pour devenir un petit cocon pour toi. Je te voulais tout fini, tout prêt et j'avais si peur de ne pas être capable de cela. Beaucoup d'échecs avant toi : "Comment moi, pourrais-je créer la vie?"

La sage femme est satisfaite. C'est toujours fort Knox : col à 1, bébé haut, grille de fer. Liquide : de quoi baigner pendant 10 ans... Je repars fissa. "On s'appelle, on se fait une bouffe Madame"... " On va devoir me déclencher". Cette pensée évoquée le matin me hante. J'ai déjà une trouille innommable et en plus...Respire.

Rentrée chez moi, mon mari me suggère de faire une journée spéciale. Puisqu'il ne vient pas, nous allons l'ignorer et faire tout ce que nous aurons du mal à faire à son arrivée. C'est parti pour un resto de burgers, une balade dans les boutiques, une vide grenier, des séries et jeux vidéos jusqu'à pas d'heure. J'oublie. Je n'y crois plus. Je pense que je serai déclenchée dans 5 jours alors autant souffler un peu.

4h " ploc". Je me réveille en sursaut. Mince j'ai rêvé que je perdais les eaux. Etrange car ce "ploc" est un bruit inédit pour mon cerveau. Bon je vais quand même faire un petit tour aux toilettes et je me recouche. "plouuuuuf". Ce bruit-là je le connais. C'est celui d'une bouteille qui se vide par terre. " Amouuuuuur, j'ai perdu les eaux!!!!, amouuuuuurrrrrrrr!!!!" Amour ouvre un oeil, saute dans son caleçon. "Haaaaan mais c'est quoi çaaaaaa!!!""" Amour prend 3 serviettes. "Tu vas me tacher la Tingo quoi".

On part. Il est 4h 30 du matin. Que c'est beau Bordeaux la nuit! Les boulevards déserts et une petite musique africaine presque irréelle qui s'échappe des baffles. Nous traversons le hall désert et fonçons au sous sol. Je sonne " j'ai perdu les eaux". 10 minutes après une sage femme arrive. J'ai tout mouillé. "oulah ahhhh ouiii vous l'avez bien rompue la poche!" Direct en pré travail. J'en ai presque oublié pourquoi je suis là. "Des contractions?" " euh un peu". Elle m"explique que si ça ne vient pas dans 12 h c'est antibio pour les infections, puis si je ne me mets pas en travail elle va..." "j'ai une contraaaaaction" " ah mais Madame ça peut prendre du temps mais on va quand même poser le monito"



" ça me revient. Je viens pour accoucher. Y en a plein Madame de la contraction!!!!" Effectivement. Et elles sont jolies. "Bon on attend maintenant" qu'elle me dit. Bon. On va prévenir tout le monde alors. On discute avec chéri. Je n'ai pas mal. C'est très clair que je prendrai la péri si je peux. Alors j'attends. Je ne souffre pas. J'ai faim. Je harcèle la Madame mais elle ne veut rien me donner. J'ai tellement faim que j'en oublie d'avoir mal. Il est 7h du matin ça pique. Je prends une douche. Cela pique toujours. J'avais si peur que je m'attendais à mille fois pire. La Madame regarde " très bien ça on peut vous poser la péri".

"Quoi déjà???? Je n'ai même pas mal". Là je n'ai pas aimé. Pas du tout. Un hirsute en fin de garde se pointe : " z'allez enroulez vot' dos et pas bouger" qu'il me grogne. Déjà j'aimerais pouvoir enrouler quoi que soit avec ma table basse intégrée et en plus c'est vraiment une réflexion de mec de ne pas bouger alors qu'on vous plante un sabre dans le bas du dos. Je sursaute. "J'vous avais dit de pas bouger, c'est n'importe quoi ça". "Bah figure toi mec que je vais te mettre ton aiguille dans le...et on va voir si tu bouges pas." Il s'en va pressé de manger son BN pour le petit dej.

La péri a arrêté les contractions mais c'est très étrange. Il y a un côté mort et un côté non endormi. L'hirsute m'aboie " ben vous croyez que ça allait supprimer votre douleur? C'est pas le but de la péri Madame". Ah. Bon. Donc si quelqu'un sait quel est son but je suis preneuse. On me fait passer de l'ocytocine en perfusion pour que le travail reprenne. Là c'est dur. J'ai un côté du corps qui prend cher. La sage femme regarde:" vous êtes à 7." " Amour appelle la Madame et dis lui que là je ne peux pas, je sens tout à droite, je vais craquer là". Elle revient. Elle me dit que non ce n'est pas normal et appelle l'hirsute. Ce n'est pas lui. C'est un petit asiatique avec deux yeux qui sourient. Il est gentil. Tout doucement il bouge le cathéter et c'est immédiat. J'ai moins mal. Je le remercie. "Mais c'est tout naturel, la péri est là pour ça". Ah, faudrait savoir!

On attend. Il est à peu près 11h quand mon tout beau à fini de creuser mon col. Fort Knox célèbre ses portes ouvertes. Nous allons poser le toboggan et amorcer la descente. Il est 12h 45. On va y aller. C'est le moment redouté de toute ma grossesse. J'ai peur de ne pas y arriver. J'ai peur de l'épisio, de la césarienne, du placenta qui reste coincé, des coutures.

Je pousse. Une fois, dix fois. Il remonte entre chaque contraction. Je n'y arrive pas. Cela dure. "On va devoir couper". "kling". Le bruits des ciseaux. Elle coupe. Je pousse. 45 minutes. Elle voit les cheveux. Il a des cheveux. Mon mari est muet. Ma tête tourne, je suis trop émue. Je le vois. Il est vivant. Il a tout au bon endroit. Il crie. Il est beau.

Je n'ai pas aimé être enceinte mais je peux dire que j'ai aimé mon fils instantanément. Je l'aimais depuis le premier moment alors qu'il n'était qu'une petite barre sur un test de grossesse. Ce que j'ai ressentie là, ce n'est pas de l'amour. Il faut le vivre pour le définir. Je crois que le mot n'existe pas. Je crois que c'est indicible. Il est arrivé. C'était le 11 mai. Elle l'a posé sur moi et j'ai su. Je vous souhaite à toutes de savoir, là dans votre coeur, ce que cela fait quand on devient maman.

N'oubliez pas que vous pouvez me faire parvenir vos récit d'accouchement à l'adresse suivante:
coursmamancours@gmail.com

Charlotte.

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